Galopin, Alexandre
Gent, 26.09.1879 - Uccle, 28.02.1944
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Histoire postale :
bateau de la Compagnie Maritime Belge


(Union Minière du Haut Katanga
1906-1956 p.201)

    Fils de Gérard Galopin, professeur de droit civil à l'Université de Gand puis à celle de Liège, dont il sera également recteur, Alexandre Galopin est issu d'une ancienne famille liégeoise. De son mariage en 1908 avec Élisabeth Verriest, fille de Gustave Verriest, professeur à la faculté de Médecine de l'Université catholique de Louvain, naissent six enfants dont Élisabeth, épouse de Pierre de Bonvoisin. A l'issue de brillantes études d'ingénieur civil à l'Université de Liège en 1902, il poursuit sa formation à l'étranger notamment en Angleterre, en Allemagne et en France où il se lie avec Henri Le Chatelier, chimiste réputé, professeur au Collège de France. A son retour en Belgique, il entre en 1904, avec l'appui de Georges Laloux, à la Fabrique nationale d'Armes de Guerre, où il s'impose un apprentissage sur le tas comme ajusteur puis dessinateur, pour gravir ensuite rapidement les échelons de la hiérarchie grâce à sa compétence technique et ses dons d'organisation. Fondateur du laboratoire de recherche de la F.N., il fait œuvre de pionnier dans le domaine de la recherche développement au sein de l'industrie belge. Directeur de la F.N. dès 1913, il se met à la disposition du gouvernement belge pendant la première guerre mondiale. Sa réputation lui vaut d'être appelé en 1915 par Albert Thomas, ministre français des Armements, pour organiser la production en série de fusils. Le succès de la méthode Galopin incite le gouvernement français à lui confier l'organisation de la fabrication de mitrailleuses et de moteurs d'avion. A son retour en Belgique après la guerre, il réorganise la F.N. dont il devient administrateur-directeur général en 1922 et participe comme expert auprès des délégations belges dans plusieurs conférences internationales. Lorsqu'en 1923, Jean Jadot décide de rajeunir la direction de la Société Générale en faisant appel à des hommes de terrain, Alexandre Galopin est du nombre. C'est à lui que revient la tâche de réorganiser et moderniser les intérêts de la Société Générale dans l'industrie charbonnière. Pour remédier à la faible compétitivité du bassin du Borinage, il en restructure les sièges d'exploitation et crée un complexe industriel de valorisation du charbon avec la constitution des sociétés dé Carbonisation centrale et Carbochimique. Au-delà des mesures de rationalisation à l'intérieur du groupe de la Générale, il joue un rôle décisif dans la cartellisation de l'industrie charbonnière en accord avec Evence III Coppée, gestionnaire des intérêts de la Banque de Bruxelles dans le secteur, en fondant en 1929 des comptoirs de vente des charbons industriels et de coke. Avec la création en 1935 de l'Office national du Charbon, premier cartel obligatoire instauré en Belgique suite à la crise, il devient avec Coppée le véritable responsable de la politique charbonnière belge jusqu'à sa mort en 1944. Non content de gérer les affaires charbonnières, Galopin représente la Société Générale dans de nombreuses entreprises industrielles surtout dans la métallurgie. Il reste administrateur-délégué de la F.N. jusqu'en 1932 et préside La Brugeoise et Nicaise et Delcuve (1924-1934), les Ateliers métallurgiques (1926-1932), la S.A. John Cockerill (1933-1944), la Providence (1935-1944). En 1932, il devient vice-gouverneur et succède en mars 1935 à Émile Francqui, en qualité de gouverneur de la Société Générale. A ce titre il est étroitement mêlé aux pourparlers des banques privées avec le ministre des Finances Max-Léo Gérard à propos de la réforme bancaire et s'oppose avec succès au projet socialiste d'instaurer un contrôle des établissements financiers non bancaires, autrement dit des holdings. De 1935 à 1939, il préside également la Banque de la Société Générale issue de la scission des activités bancaires et des intérêts financiers et industriels de la Société Générale. Régent de la Banque Nationale, vice-président de la Banque des Règlements internationaux, Galopin est à la veille de la guerre l'un des dirigeants les plus en vue de l'économie belge tant par le rayonnement de sa personnalité qu'en raison du poids de la Société Générale qui est réputée en détenir le contrôle à raison du 40%. Mais c'est son rôle pendant la seconde guerre mondiale où il attache son nom à la doctrine Galopin et au comité Galopin qui lui vaut d'être resté dans la mémoire collective et de susciter des controverses non encore éteintes à ce jour. Au centre du débat se situe l'interprétation de la mission confiée par les ministres Paul-Henri Spaak et Camille Gutt le 15 mai 1940 aux trois « Grands » de la banque, Alexandre Galopin, Max-Léo Gérard et Fernand Collin, mission invoquée à la fin de la guerre par bon nombre d'industriels pour se défendre des accusations de collaboration économique. Toujours est-il que dès le début de la guerre, Galopin réunit régulièrement un groupe de hauts dirigeants de l'industrie et de la finance pour définir la politique à suivre face à l'occupant. Ainsi se forge la doctrine Galopin qui préconise la poursuite ou la reprise du travail afin de pourvoir aux besoins de la population et maintenir la main d’œuvre en place, en excluant la livraison de matériel militaire à l'occupant et les fournitures effectuées dans un esprit de lucre. Cette politique «de moindre mal », qui au départ a recueilli un large consensus, ne tarde pas à révéler ses limites, dans la mesure où les Allemands ne pourvoient pas au ravitaillement de la Belgique en échange de la livraison de produits industriels et où la lutte contre la déportation de main d'œuvre est vouée à l'échec. En outre la politique de présence prônée par Galopin entraîne inévitablement des compromis face à la volonté de l'occupant d'exploiter au maximum les ressources de la Belgique sans contrepartie. Conscient de cet échec, Galopin ne la poursuit pas moins dans le but de sauvegarder le patrimoine industriel et de préparer l'après-guerre. Son indépendance et son pragmatisme, inspirés par le souci de préserver l'identité belge et de mettre la Société Générale à l'abri de l'ingérence allemande en se, jouant des rivalités entre l'administration militaire et la S.S., mais aussi en refusant de suivre la politique du gouvernement de Londres partisan d'un soutien maximum à l'effort de guerre allié, tout en accordant l'appui financier de la Société Générale à la résistance, suscite des réserves à son égard dans les deux camps. Considéré comme le roi de l'économie belge et opposant au régime nazi, il est assassiné le 28 février 1944 à son domicile par des membres du mouvement collaborateur De Vlag contrôlé par la SS. Les tensions nées du silence de Londres sur son assassinat et du désaveu de sa politique à la libération sont apaisées par le gouvernement Van Acker qui par l'Arrêté-loi du 25 mai 1945 restreint la portée de l'article 115 du Code pénal sur la collaboration avec l'ennemi dans le sens défini par la «doctrine Galopin». Personnalité réputée pour ses qualités intellectuelles, son énergie et sa droiture, Alexandre Galopin inscrit la défense de son entreprise dans le cadre de ses responsabilités à l'égard de l'intérêt général et du personnel ouvrier. Membre du comité permanent de la Société nationale des Chemins de Fer belges depuis sa fondation en 1926 jusqu'en 1935, il y met au point un système d'assurances sociales et organise les relations paritaires. Depuis sa jeunesse son goût pour la recherche scientifique et technologique ne s'est pas démenti. Dès la fondation du Fonds national de la Recherche scientifique en 1928, il y participe activement à tout ce qui touche aux relations entre science et industrie. 
G. K. –v. H.